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Règles pour l’élaboration du cahier des charges

7 septembre 2018

La BQTA (Belgian Quality Translation Association) et la CBTI (Chambre belge des traducteurs et interprètes) s’efforcent d’obtenir les meilleures prestations de traduction, afin que toutes les parties concernées en tirent profit. C’est pourquoi elles entendent mieux informer le rédacteur de cahiers des charges et lui donner un meilleur aperçu du monde de la traduction. La première partie de ce blog vous présentera pas mal de règles pour élaborer un bon cahier des charges. La deuxième partie va un peu plus loin que ce « mode d’emploi » et vous expliquera par des mesures claires supplémentaires ce qu’il convient de faire.

Introduction

Élaborer un cahier des charges n’est pas une mince affaire. Ce vade-mecum décrit les points essentiels à l’élaboration d’un cahier des charges pour les pouvoirs publics acheteurs de services de traduction. Les aspects « métier » spécifiques sont évoqués dans le présent document.

De nombreuses règles doivent être respectées lors de l’élaboration d’un cahier des charges. Des réponses précises doivent être formulées et une terminologie communément admise utilisée, compréhensible par les deux parties. Il convient en outre de tenir compte des contraintes et des possibilités qui s’imposent aux traducteurs.

Quelques définitions

Un cahier des charges doit être parfaitement compréhensible par les deux parties. Il convient donc d’y utiliser une terminologie claire et univoque.

- Traduction : Opération intellectuelle consistant à reproduire, par écrit, dans une autre langue, le contenu d’un texte original, dans le respect du message, du style et des règles linguistiques en usage.

- Langue source : Langue du texte original à traduire.

- Langue cible : Langue du texte traduit.

- Combinaison linguistique : paire de langue source et langue cible.

- Révision : Comparaison minutieuse de la version originale et de la version traduite d’un même texte. Cette étape vise à détecter d’éventuels oublis ou imperfections, et à les corriger.

- Relecture : Vérification limitée au texte cible visant à garantir que la traduction répond aux exigences de qualité.

- Mise en page : opération consistant à organiser un texte traduit afin qu’il présente le même rendu visuel que l’original.

Traducteurs

L’offre de traducteurs est très large et très variée. Il existe des traducteurs indépendants et des bureaux de traduction de plus grande taille. Les bureaux de traduction offrent davantage de possibilités. Des traducteurs individuels se regroupent en une association afin de pouvoir offrir un plus large éventail de services.

Contraintes et possibilités

- Public cible : Une traduction diffère en fonction du public cible auquel elle s’adresse. S’adresse-t-elle à des spécialistes ou au grand public ? Le jargon couramment employé par les spécialistes n’est pas vraiment compréhensible pour le grand public.

- Délai : Une traduction doit être livrée à une certaine date. Parfois, produire une traduction réfléchie peut prendre autant de temps que rédiger l’original. Dans des conditions de travail normales, un traducteur peut traduire, par jour, entre 2 000 et 2 500 mots d’un texte de difficulté moyenne.

- Répartir une mission de traduction : Répartir une mission de traduction entre plusieurs traducteurs est généralement déconseillé, car cette méthode risque d’aboutir à des incohérences terminologiques et stylistiques.

- Complexité du texte original : Plus le texte original est complexe, plus sa traduction demandera du temps. Plus le texte original est clair et bien rédigé, plus il sera facile de le traduire correctement.

- Travaux supplémentaires : La mise en page et d’autres opérations techniques peuvent également incomber au traducteur. Tout doit être convenu au préalable.

- Documentation : Le pouvoir adjudicateur peut soumettre des documents de référence dûment validés dans les langues source et cible, qui contribueront à améliorer la qualité de la traduction.

- Mémoires de traduction : Une mémoire de traduction est une base de données qui enregistre et réutilise des segments de texte précédemment traduits. Y recourir améliore généralement la cohérence et la productivité.

- Moteurs de traduction automatique : Ces logiciels effectuent une transposition automatique d’un texte original dans une langue cible selon divers algorithmes.

Composants essentiels

Le cahier des charges doit contenir les caractéristiques essentielles de la mission visée.

- Type de traducteur sollicité : personne physique, personne morale, groupement de personnes…

- Description de la tâche à réaliser : traduction, relecture, mise en page, révision…

- Domaine des textes à traduire : scientifique, technique, urbanistique, juridique, économique…

- Délai ou calendrier de livraison : quand la traduction doit-elle être terminée ?

- Auteurs de l’original : afin d’obtenir des explications ou des précisions, si nécessaire.

- Public cible : spécialistes, grand public, professeurs, personnel interne…

- Combinaisons linguistiques : il est recommandé de limiter chaque lot à une seule combinaison linguistique.

- Outil de traduction assistée par ordinateur : un logiciel est-il utilisé comme outil d’aide à la traduction ?

- Format informatique du fichier contenant le texte traduit : doc, pdf, xliff, tmx…

- Degré de confidentialité : dans quelle mesure la confidentialité n’est-elle pas enfreinte ?

- Politique de sous-traitance : est-elle autorisée ou non et, si oui, dans quelles conditions.

- Adéquation volume/délai : est-elle correcte ?

- Tarif d’urgence : quelles en sont les conditions d’application ?

L’art de la sélection

Les normes internationales sont inapplicables pour sélectionner des traducteurs indépendants. Pourtant, il convient également de pouvoir les sélectionner d’une façon ou d’une autre. C’est pourquoi il y a lieu de sélectionner des profils de traducteurs qui doivent répondre à plusieurs critères : être professionnels, traduire uniquement dans leur langue maternelle, être diplômés et expérimentés, participer régulièrement à des séminaires de formation continue, présenter des références professionnelles et adhérer à une ou à des associations professionnelles reconnues. Il convient également qu’ils maîtrisent un domaine de spécialité (juridique, économique, financier, administratif…).

 

Des critères de sélection supplémentaires peuvent s’appliquer aux sociétés de traduction : des critères de solvabilité, des garanties de traçabilité et la conformité à des normes internationales.

 

Documentation fournie

Concernant les attestations relatives aux critères d’exclusion, il est souhaitable que les autorités ne demandent que les documents qu’elles ne peuvent pas obtenir elles-mêmes. Si le pouvoir adjudicateur exige des références de volumes traduits, elle veille à en définir clairement les conditions.

 

Évaluation des offres

Il convient d’évaluer les offres sur la base de critères clairement définis relatifs au prix, à la qualité, au style, à la compréhension du texte, à l’expérience professionnelle, à la spécialisation, à la méthodologie… La pondération accordée à chacun de ces critères dépend du type de tâche. Pour les appels d’offres visant à obtenir des textes traduits de qualité supérieure, il est conseillé d’attribuer à la qualité une pondération supérieure ou égale à 70%.

 

Documentation fournie

Le cahier des charges énumère la documentation de référence éventuellement disponible pour élaborer des glossaires, des bases de données terminologiques, des mémoires de traduction… Il mentionne également l’existence éventuelle d’un guide stylistique, qui devra alors être fourni.

 

Le prix

Le cahier des charges définit clairement la base de calcul du prix, qui dépend de nombreux critères. S’agit-il d’une traduction, d’une révision, d’une mise en page… ? Quelle est unité de comptage ? Le mot, la ligne, la page, l’heure ou un forfait ? Quelle est la langue de comptage ? Langue source ou langue cible ?

 

Ensuite, des suppléments peuvent être calculés pour une urgence, des originaux non éditables, etc. exprimés en pourcentage du prix. Les textes non continus (tableaux chiffrés ou graphiques) peuvent être tarifés à part.

 

Évaluer la qualité d’une traduction : les tests

Il peut toujours être utile d’évaluer objectivement la qualité de la traduction proposée par le soumissionnaire. Un test vous permet de le faire. Dans ce cas, idéalement, le test doit être représentatif du type de texte et ne doit pas dépasser 300 mots par combinaison linguistique. La description d’un tel test doit toujours être basée sur des critères objectifs. Le pouvoir adjudicateur communique à chaque traducteur, sur demande, le résultat de son test.

Le cahier des charges précise les modalités de traçabilité qui garantiront au pouvoir adjudicateur que les traductions seront confiées aux auteurs des tests retenus.

 

Pénalités éventuelles

Le cahier des charges précise les sanctions éventuelles applicables en cas de problème de qualité ou de retard de livraison. La qualité est décrite sur la base de plusieurs critères. S’il existe des litiges relatifs à la qualité, il est conseillé de soumettre la question à une commission d’arbitrage. Des amendes ou des indemnités peuvent être réclamées. Les droits de recours doivent également être précisés dans le cahier des charges.

Avis d’attribution de marché

Au terme de la procédure, le pouvoir adjudicateur publie un avis d’attribution citant le nombre d’offres reçues, le ou les traducteurs retenus et les prix. Chaque traducteur doit avoir accès au rapport d’attribution du marché.